L’ESN française Umanis s’est penchée dans son dernier benchmark sur les méthodes de pilotage et de réalisation de projets. Laquelle est faite pour vous ?
Comment comparer les méthodes agiles entre elles ? C’est la question qu’Umanis a cherché à résoudre dans son dernier benchmark. L’entreprise de services du numérique (ESN) s’est penchée sur les deux principales d’entre elles : Scrum, qui pèse quelque 56% de parts de marché sur le segment de l’agilité mono-équipe dans le monde, et Safe qui en totalise 29% sur le terrain de l’agilité transverse ou multi-équipes (selon l’édition 2018 de l’indice VersionOne). Au-delà des deux leaders, l’ESN a surtout voulu analyser les alternatives crédibles.
Côté pilotage mono-équipe, on le savait déjà, Scrum est chalengé par Kanban. « Le premier est adapté à la gestion d’un projet unique là où le second convient mieux au management de plusieurs projets ou encore à la TMA (tierce maintenance applicative, ndlr) et au MCO (maintien en condition opérationnelle, ndlr) « , décrypte Idris Khalfallah, practice manager de l’offre agilité et coach agile chez Umanis.
Associant les deux démarches, le Scrumban répond aux configurations plus complexes. Exemple : le cas d’une équipe investie dans la migration d’une application vers le cloud, mais qui devra en parallèle maintenir les anciennes versions du logiciel le temps du chantier. « Le Scrumban board associe sur un même tableau de pilotage une timeline Scrum pour gérer les sprints d’un projet et une matrice de cartes Kanban pour superviser la résolution de bugs », souligne Denis Delwail, coach agile de la practice agilité chez Umanis.
Du Scrumban à l’Extreme programming
En matière de gestion mono-équipe, l’Extreme programming (XP) est sans surprise pointé du doigt par Umanis. Inspiré de Scrum, ce référentiel porte bien son nom. Refactoring, test-driven-development, propriété collective du code, il pousse à l’extrême les bonnes pratiques agiles. « Avec XP, exit les sprints. Le client ou le responsable fonctionnel est en permanence à la disposition du développeur. Il doit répondre à ses questions dans l’heure », précise Idris Khalfallah. Objectif : aboutir rapidement à une application de haute qualité. « Pour toutes ces raisons, XP implique un niveau de qualification beaucoup plus élevé », insiste Denis Delwail.
Critères | Scrum | Kanban | Scrumban | Extreme programming (XP) |
---|---|---|---|---|
Planification | Au début de chaque sprint | Kanban board, Flux continu | Kanban board avec itérations | Planning game |
Estimation de l’effort | Au début de chaque sprint | Optionnel, prédictibilité | Idem Kanban | Pratiques XP |
Changement de périmètre | Doit attendre le sprint suivant | Selon besoin | Selon besoin | Selon besoin |
Rôles | Scrum master (SM )/ product owner (PO) / développeur (Dev) | Team | Team | Team + client |
Boards/Artifacts | Product backlog, Scrum board, burndown / burnup |
Kanban board, Diagramme des flux cumulés |
Idem Kanban | Priorisation par le client, pratiques XP |
Quand choisir ? | Equipe dédiée à 100% au projet | MCO, TMA, équipe travaillant sur plusieurs projets simultanément | MCO, TMA, équipe expérimentée en agilité | Amélioration de la qualité du logiciel critique, prise en compte immédiate des changements |
Caractéristiques principales | 1. Méthode leader, 2. Sprints, 3. BurnUP / vélocité. |
1. Kanban board, 2. Pilotage visuel, 3. Indicateurs / cycle time. |
1. Adaptabilité, 2. Transition, 3. Centre de services. |
1. Qualité code, 2. Craftmanship, 3. Outillage. |
Top 3 bénéfices | – Productivité, – Scalabilité, – Engagement des équipes. |
– Mise en place rapide sans changement des processus existants, – Pilotage visuel CFD, – Gestion des files d’attentes Flux. |
– Avantages de Scrum + Kanban, – Adapté à des portefeuilles projets mixtes cycle en V et agiles. |
– Qualité du code plus importante, – Réactivité, – Niveau d’expertise des équipes. |
Données Umanis |
Que ce soit Scrum, Kanban, Scrumban ou XP, ces approches atteignent vite leur limite au-delà d’une équipe de 5 à 9 personnes. Pour passer à l’échelle sur un nombre plus important de développeurs, d’autres méthodes, au premier rang desquelles Safe, sont recommandées. « Safe introduit les notions de programme et de portefeuille. Le but est de cadencer le travail de plusieurs équipes, centrées chacune sur une brique logicielle, dans l’optique de les aligner sur une politique produit cohérente », explique Denis Delwail. Dans le cas d’une suite bureautique par exemple, le tableur, le traitement de texte et l’outil de présentation seront considérés comme des programmes. La suite dans son ensemble étant le portefeuille. Au total, Safe visera à doter le tout d’une architecture commune pour faciliter la création de passerelles voire de fonctionnalités transverses aux différentes briques.
« Certains estiment que Safe est trop contraignante et lui préfèrent une approche plus souple comme celle de Spotify »
Le principal avantage de Safe ? Prendre en compte l’implication du top management. Sur ce point, le référentiel recommande l’alimentation d’un back log sur la stratégie d’entreprise en vue, in fine, d’aligner les projets de développement sur cette dernière. Autre point fort, « Safe dispose de cycles de formation certifiantes pour les différents niveaux d’intervenant », ajoute Denis Delwail. Idris Khalfallah pondère : « Certains estiment que cette démarche est trop contraignante et lui préfèrent une approche plus souple comme celle de Spotify . Partant de là, il peut être pertinent d’envisager un panachage des deux méthodes pour bénéficie des avantages de chacune ».
Avec l’une et l’autre moins de 1% de part de marché, « Less et Nexus n’en restent pas moins pertinentes », pointent pour finir les deux experts d’Umanis. Toutes deux inspirées de Scrum, ces deux méthodes en reprennent les principaux concepts. « Les équipes maîtrisant Scrum peuvent ainsi les adopter rapidement en vue d’être intégrées à une organisation plus large », estime Denis Delwail. Less comme Nexus étant adaptés au pilotage de « 3 à 9 équipes maximum ».
Critères | Safe (Scaled Agile Framwork) | Spotify | Less (Large Scale Scrum) | Nexus |
---|---|---|---|---|
Niveaux d’organisation | – Team, – Programme, – Portfolio. |
– Squads (feature team), – Tribus (ensemble de squads), – Chapitres (même compétence), – Guildes (communauté d’intérêts). |
Less (jusqu’à 8 équipes de 8) | Destiné à 3-9 équipes Scrum Avec une équipe d’intégration de Nexus (PO / SM / Dev) |
Planification | PI planning PI : correspond à un multiple de sprints, 5 sprints de 2 semaines = 10 semaines |
Sprint planning | – Sprint planning 1 PO / représentants team, – Sprint planning 2 représentants de toutes les équipes |
Nexus sprint planning |
Rôles selon Configuration | – Team : PO / SM / Dev, – Programme : PM / RTE / Sys.Arch, – Portfolio : Epic Owners / Ent. Arch / LPM. |
PO / Dev / coach agile, 1 PO par squad team, 1 PM |
Un seul PO, Plusieurs SM, Dev |
Nouveau rôle d’équipe d’intégration de Nexus (PO / SM / Dev) |
Backlogs | – Team : user story, – Programme : features, – Portfolio : epic. |
Squad backlog | – 1 product backlog, – Sprint backlog / équipe. |
– 1 product backlog, – Nexus sprint backlog, – Sprint backlog / équipe. |
Quand choisir? | ART : agile release train, (50 à 125 personnes maximum) |
– Tribu :100 personnes maximum, – 100% d’autonomies des squads, – Equipes distribuées. |
Destiné à 3-9 équipes Scrum, 70 personnes |
Destiné à 3-9 équipes Scrum, 70 personnes |
Caractéristiques principales | 1. Référentiel leader, 2. Documentation complète + tool Kit + cycles certifiants, 3. Organisation orientée chaine de valeur client, 4. Adresse lean UX, scalable, DevOps et continuous delivery. |
1. Spotify n’est pas un framework mais un retour d’expérience (REX), 2. Pas de documentation exhaustive, pas de formation, 3. Organisation orientée produit, 4. Dimension horizontale pour le partage des connaissances, des outils et du code. |
1. Un product owner partagé par les équipes agiles, 2. Seul Scrum est supporté au niveau équipe, 3. Transforme l’organisation en appliquant la pensée système et la pensée lean. |
1. Cadre minimal construit au-dessus du guide Scrum (Auteur : Ken Schwaber), 2. Partage le même product backlog, 3. Focus sur la phase d’intégration. |
Top 3 bénéfices | – Adresse le niveau portfolio entreprise, – Plusieurs niveaux d’implémentation, – Roadmap d’implémentation. |
– Économie d’échelle (CoP), – Craftsmanship, autonomie complète des squads. |
– Mise en place rapide, – Approche LeSS Huge pour plus de 9 équipes, – Idéal pour des équipes déjà habituées au modèle Scrum. |
– Approche Nexus + pour plus de 9 équipes, – Idéal pour des équipes déjà habituées au modèle Scrum. |
Données Umanis |