C’était durant l’été 2015 que Hedi Zaher a dévoilé à ses cofondateurs, pour la première fois, l’idée de lancer Datavora, une startup de big data. En janvier 2016, un prototype a été présenté aux investisseurs et, six mois plus tard, l’entreprise de collecte et de traitement de données fut officiellement créée.

Marqué par une croissance accélérée, à deux chiffres dans plusieurs marchés, le secteur de l’e-commerce a pu bénéficier du développement du big data justifiant, du moins en partie, la prolifération d’une nouvelle souche de spécialistes. Certaines de ces entreprises se sont focalisées sur l’utilisateur, permettant de collecter toutes les informations sur les clients et d’améliorer la capacité des sites marchands à convertir les internautes en consommateurs. Une deuxième frange a opté pour le suivi de la data transactionnelle, “qui a vendu quoi et à quel prix?”, explique notre interlocuteur.

Sonder le terrain

Et pourtant, le marché n’était pas satisfait. “J’ai vu plein de frustrations dans le secteur. Heureusement, nous avons pu identifier la problématique et apporter une solution”. C’est ainsi que Datavora a choisi de se positionner sur la partie offre, collectant les catalogues en ligne et toutes les données sur les produits en vente (prix, marques, références, couleurs, …), les ruptures de stocks, etc. Pour ce faire, la startup a développé son propre algorithme permettant de collecter régulièrement les données de sites d’e-commerce, et d’agréger le tout dans de gigantesques bases de données.

Actuellement, Datavora référencie 1800 boutiques en ligne. “Cumuler ces informations donne à nos clients la possibilité de monitorer l’évolution du marché”, a noté Hédi Zaher. A l’aide de la solution fournie par Datavora, un site marchand peut identifier ses concurrents, suivre l’évolution de leurs stocks, offres et promotions voire comparer leurs inventaires. Quant aux marques, elles peuvent utiliser les outils de la startup tunisienne pour mieux comprendre les tendances du marché et la répartition géographique de la demande.

La genèse

La jeune startup a planifié de démarrer sa conquête par le marché européen, mature et facilement accessible à partir de Tunis. Le marché local, ont estimé les fondateurs, sera desservi dans un second temps, une fois qu’il sera fin prêt. Quelques mois plus tard, Datavora signe son tout premier contrat. Le client était tunisien. “Dès que nous avons dévoilé notre existence sur le marché, en octobre 2016, plusieurs acteurs locaux ont manifesté leur intérêt”, se rappelle Hédi Zaher. “Nous avons donc compris que le marché local est plus sensible à la question big data que nous le pensions”.

Le CEO de Datavora a tout de même fait remarquer que le marché tunisien n’a toujours pas exploité tout le potentiel du big data par manque d’antécédents dans le secteur. Il s’agit d’une première expérience pour la plupart des entreprises, a-t-il expliqué. Le problème sera donc résolu avec le temps. Depuis, la startup a réussi à recruter des clients non seulement en Europe, mais aussi en Amérique du Nord. Le Moyen-Orient et l’Asie seront les prochaines cibles. La jeune pousse compte même ouvrir des filiales à l’étranger pour accompagner sa croissance mondiale.

“Nous avons décidé de ne pas attaquer les marchés par les prix. Nous avons identifié une vingtaine de concurrents dans le monde, et nous avons créé un produit de meilleure qualité, tout en proposant des prix équivalents à ce qui se trouve sur le marché.”

Planifier le succès

Début 2017, la startup a réussi à lever un million de dinars pour accélérer sa croissance auprès de plusieurs investisseurs, dont UGFS North Africa. “Le plus important, ce n’est guère l’idée”, recommande Zaher. “Ce qui compte le plus pour les investisseurs est la capacité de l’équipe à l’exécuter”. Composée de trois jeunes Tunisiens ― Hédi Zaher (CEO et Chief Technical Officer), Aymen Ferchichi (Chief Marketing Officer) et Oussama Messaoud (Chief Sales Officer) ― l’équipe fondatrice compte à son actif une expérience cumulée de 45 ans, dans des grandes firmes, dont Microsoft, Mitsubishi ou encore BlogSpirit. Autour de ce noyau, une équipe technique a été créée, constituée de 9 ingénieurs tunisiens. L’équipe gérante accorde énormément d’importance à la bonne gouvernance. “La gouvernance est un élément de valorisation pour la boîte qui permet de rassurer les investisseurs aussi bien actuels que futurs”, a déclaré le CEO.

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