Les chiffres sont clairs, aujourd’hui, en Europe, 8 à 10% des travailleurs sont confrontés au moins une fois dans leur vie au problème de harcèlement au travail. Que ce soit le harcèlement ou une autre forme d’intimidation, les victimes sont aussi bien des hommes que des femmes.

Besoin de prouver son autorité, défoulement, envie de supériorité, pour n’importe quelles raison qu’il soit, ce comportement n’a pas lieu d’être.

Puni par la loi, le harcèlement, qu’il soit physique (sexuel) ou moral est une réelle source de stress et peut parfois engendrer de sérieux problèmes pour les victimes. Les victimes ne sont pourtant pas les seules qui subissent, en effet, les entreprises elles-mêmes observent de sérieuses conséquences de ce fléau : chute de la productivité, baisse de la motivation, absentéisme, insatisfaction des travailleurs, …

 

C’est assez difficile à admettre, mais être harcelé peut arriver à chacun de nous. Ce n’est pas parce que vous serez mal habillée ou que vous vous montrez timorée que vous deviendrez un souffre douleur. Par contre, le problème est juste que vous vous trouverez dans la ligne de mire d’un « enquiquineur ».

 

Quelle définition pour le harcèlement moral ?

Selon Christophe Dejours, un des premiers chercheurs français à s’être intéressé aux conditions d’exécution du contrat de travail et à la socio-psychologie de la relation de travail, estime que : « le harcèlement moral est une forme clinique de l’aliénation sociale dans le travail résultant de contraintes psychiques exercées de l’extérieur sur un sujet par l’organisation du travail, par les modes de gestion et d’évaluation ou de direction de l’entreprise ».

 

Les caractéristiques du harcèlement moral au travail

Le harcèlement au travail peut se retrouver sous divers aspects. Pourtant, qu’il soit moral ou physique, il présente des caractéristiques communes, plus ou moins décelables.

– Le harcèlement se traduit par un comportement injuste vis à vis généralement d’une seule personne (rarement plus) se manifestant par des actions, des actes, des paroles ou des écrits unilatéraux.

– Il est commis par un ou plusieurs employés

– Il est fréquent et dans un laps de temps prolongé

– Il en résulte généralement une souffrance, quelle soit psychologique, sociale ou psychosomatique.

– La victime, en totale impuissance voit sa carrière mise en danger, on nuit à sa personnalité, à sa dignité et à son intégrité.

 

Les différentes formes

Le harcèlement moral peut prendre différentes formes :

 

– Le mobbing

Le mobbing, de l’anglais mob (foule), désigne la pression exercée par le groupe des travailleurs sur l’un de ses membres.

Exemple :
Un travailleur est considéré comme moins productif par ses autres collègues. Aussi, il peut constituer une menace pour ceux-ci car il remet en cause la production collective. Surtout, dans les entreprises où les concepts de qualité totale et de just-in-time conduisent à produire sous des contraintes très fortes. Dans ce cas, l’organisation du travail aconduit des travailleurs à exclure un autre travailleur.

 

– Le bullying

Le bullying (rudoiement), désigne une pratique de management qui consiste à placer les travailleurs d’un service sous pression constante.

Exemple :
Un chef de service, souvent soutenu par sa hiérarchie et peu formé aux méthodes de management, place ses subordonnés sous pression constante et les rudoye systématiquement.

 

– Le management par le stress

Le management par le stress, désigne une pratique de management qui consiste à placer l’ensemble des travailleurs de l’entreprise sous pression constante. Dans ce cas, il s’agit d’un modèle raisonné de gestion d’entreprise qui considère qu’il existe un « bon » stress, utile au développement de l’entreprise.

Exemple :
Un travailleur est considéré comme un fainéant ou incapable car il preste l’horaire de travail prévu sans accumuler d’importantes heures supplémentaires.

 

– Le management par la peur

Le management par la peur désigne une pratique de management qui consiste, pour une entreprise, à augmenter la pression sur les travailleurs en utilisant les menaces (perte d’emploi, dégradation). L’effet à long terme conduit à paralyser les travailleurs.

Exemple :
Des études ont montré qu’un travailleur refuse de suivre certaines formations car il a peur d’être considéré comme incompétent lors de la formation. Il cherche à passer inaperçu.

 

– Le stalking

Le stalking (traquer), désigne une pratique de qui consiste à surveiller constamment les travailleurs et à traquer toute perte de productivité, tout temps mort.

Exemple :
Un chef de service, souvent soutenu par sa hiérarchie et peu formé aux méthodes de management, place ses subordonnés sous pression constante

 

Comportement typique du harcèlement

Dans la majorité des cas, le but recherché est que la victime ne puisse plus communiquer de manière efficace et qu’elle n’ait plus l’occasion de s’exprimer. La victime est donc isolée socialement, toute possibilité de contact social est éliminée. La réputation personnelle est entamée, des rumeurs circulent et tout le monde se moque de vous.

 

La position professionnelle est sapée, plus aucune tâche ne vous est confiée et on fait croire que vous commettez des fautes professionnelles. Votre santé physique est visée, vous êtes agressée sexuellement, on vous réserve les tâches dangereuses, … Tous les cas cités ci-dessus peuvent constituer un harcèlement, et peuvent également être conjugués.

 

Quelles sont les conséquences du harcèlement au travail ?

Dans environ 79% des cas, les victimes et les témoins signalent une augmentation du stress, dans 65% une dépression, dans 59% un manque d’assurance, dans 58% un gêne. D’autre part, sont évoqués : des cauchemars et des pensées obsessionnelles, des insomnies et une perte de concentration. Il serait normal que dans un premier temps, les victimes se retournent vers leur agresseur, or il est curieux de noter que dans la majorité des cas, c’est contre l’employeur qu’elles se retournent.

 

Selon l’INRS, le harcèlement peut provoquer dans un premier temps des symptômes de stress : nervosité, irritabilité, anxiété, troubles du sommeil, brûlures d’estomac, hypertension artérielle, douleurs musculaires, etc. Au bout de quelques mois, ces symptômes peuvent se transformer en troubles psychiques manifestes. Certains réagissent avec une hyper combativité qui les fait souvent qualifier de paranoïaques.

 

D’autre sont envahis par un sentiment d’épuisement et de fatigue chronique, une baisse de l’estime de soi, pouvant évoluer vers la dépression. Les états dépressifs peuvent entraîner : des troubles de l’attention et de la mémoire, un sentiment de découragement, de pessimisme, de culpabilité, d’isolement, une perte de confiance en soi, du sens du métier. Leurs conséquences possibles sont une atteinte de la personnalité, la dégradation de la santé, l’invalidité, la perte de l’emploi, le suicide.

 

Quelle attitude adopter face au harcèlement ?

Dans un premier temps, il est important de bien reconnaître le comportement caractéristique d’un harcèlement. Une fois le phénomène reconnu, il est impératif d’avoir la volonté d’y remédier. Surtout ne pas se laisser déstabiliser et ne pas se laisser déborder par les comportements de votre « agresseur ». Rester sur ses gardes est indispensable et il est important d’être socialement soutenu pour vous sentir épaulé et appuyé. En cas de problème, n’hésitez pas à contacter l’inspection et la direction régionale du travail.
Le harcèlement n’est pas un problème à prendre à la légère. Il est aujourd’hui de plus en plus répandu au sein des entreprises et touche une trop grande partie de la population. Il est indispensable que la direction elle même s’engage à éviter ce genre de situations. La meilleure solution étant de mettre en place un environnement de travail harmonieux. Les entretiens, les formations, les discussions, le coaching sont les meilleurs remèdes pour assurer un bon équilibre dans l’entreprise. C’est pourquoi une politique de prévention du harcèlement doit faire partie intégrante de la politique de l’entreprise.

 

Vos commentaires

4 + 7 =