Sachez utiliser les neurosciences pour manager. Nul responsable hiérarchique ne peut désormais ignorer le rôle majeur du circuit de la récompense pour motiver un groupe, ni l’importance de l’activité physique pour améliorer la cognition. Et encore moins l’une des découvertes phares de la discipline : le cerveau social, base de l’altruisme et de la coopération. Il est temps pour le management de faire sa révolution cognitive !

Comment booster son cerveau

“Les sciences cognitives ont connu des avancées spectaculaires ces vingt dernières années. Elles sont assez mûres aujourd’hui pour livrer les clés de fonctionnement du cerveau”, résume Pierre-Marie Lledo, directeur du département de neuroscience à l’Institut Pasteur et directeur de recherche au CNRS. Au point de chambouler les pratiques managériales.

Nul responsable hiérarchique ne peut désormais ignorer le rôle majeur du circuit de la récompense pour motiver un groupe, ni l’importance de l’activité physique pour améliorer la cognition. Et encore moins l’une des découvertes phares de la discipline : le cerveau social, base de l’altruisme et de la coopération. Il est temps pour le management de faire sa révolution cognitive ! Voici des conseils pour booster votre cerveau et celui de vos collaborateurs.

Astuce N° 1

pmp tunisia; certification; Certification TSPM; tspm certification; CAPM; capm certification; PMO; PMI;

Astuce N° 1O

“C’est parce qu’il a découvert la notion de partage et d’interaction sociale que Homo sapiens est le seul survivant de la branche des hominiens, explique Pierre-Marie Lledo. L’empathie et la compassion lui ont permis de développer ses capacités de coopération.” Pour favoriser l’empathie au sein de votre équipe, privilégiez les rencontres non virtuelles.

“Le manager doit trouver des moments de contact visuel, note Francis Brunelle, chercheur à l’hôpital Necker-Enfants malades, à Paris. C’est indispensable pour créer le lien, c’est-à-dire reconnaître l’autre comme un être humain et décoder ses intentions : ami/ennemi, agressif/bienveillant, etc.” Vos collaborateurs passent beaucoup de temps à la machine à café ? Ils mettent en place les bases d’un fonctionnement optimal du groupe.

 

Astuce N° 2

Astuce N° 2

Le circuit de la récompense, logé dans plusieurs régions du cerveau, libère de la dopamine. “Cette hormone du plaisir, relâchée à l’origine pour gratifier les actions de survie, comme manger ou se reproduire, est aussi sécrétée au travail, précise Erwan Devèze, consultant en neuromanagement et coauteur de Neuro-boostez vos équipes (éd. EMS).

C’est le cas lorsqu’on responsabilise un équipier en lui confiant une tâche à mener en toute autonomie. Lui donner la certitude qu’il pèse dans la conduite d’un projet stimule le processus dopaminergique.” A la clé, une créativité et un sentiment d’appartenance décuplés.

Astuce N° 3

Astuce N° 3

En neurosciences, le terme “tempérament” recouvre une réalité bien précise : il s’agit des motivations profondes et inconditionnelles d’un individu “capables de déclencher une dynamique comportementale positive”, selon les experts de l’Institut de médecine environnementale. En clair, vos “talents cachés”.

“Nous avons tous trois ou quatre tempéraments stockés dans notre cerveau néolimbique, explique Pascal Vancutsem, coach de dirigeants. Chacun d’eux déclenche un plaisir intense lors qu’il est satisfait. Quand il les mobilise, l’individu est moins sensible à l’échec.”

Pour mener au top votre équipe (et vous-même), appuyez-vous sur les “tempéraments” de vos collaborateurs : observez ce qu’ils font spontanément, sans aucune obligation. Par exemple lancer des défis, nouer des relations, traquer le détail, s’intéresser au sens des choses… A vous de leur lancer ensuite un défi en vous plaçant sur leur propre terrain.

Astuce N° 4

Astuce N° 4

Lorsqu’il a dû repenser l’agencement de l’hôpital Necker Enfants malades, à Paris, au début des années 2000, le professeur Francis Brunelle a consulté les 22 patrons de l’établissement. “Je les ai réunis dans une pièce et leur ai demandé d’écrire une lettre au Père Noël. J’ai misé sur l’envie, le désir et le jeu, qui stimulent les connexions neuronales.”

Tout l’art du brainstorming consiste à laisser les cerveaux penser ensemble. Une réalité mesurable scientifiquement, précise le chercheur : “Lorsque deux musiciens jouent de concert, leurs électroencéphalogrammes montrent que leurs cerveaux se synchronisent.”

 

Astuce N° 5

Astuce N° 5

Le cerveau est remodelable à vie. “Plus on est jeune, plus sa plasticité est grande, souligne Nadia Medjad, médecin et coach, coauteure du Neurolearning (Eyrolles). Lorsqu’un apprentissage est approfondi, les modifications du cerveau sont marquées et durables.”

En témoignent les chauffeurs de taxi londoniens, qui doivent mémoriser 20.000 noms de rues pour obtenir leur licence. L’observation de leur encéphale a révélé l’hypertrophie d’une zone de l’hippocampe qui s’épaissit avec l’expérience et régresse quand le chauffeur part à la retraite.

C’est la répétition qui consolide les circuits et finit par les rendre permanents. Deux heures d’exercices répétitifs suffisent pour “fabriquer” de nouvelles synapses, affirme Francis Brunelle dans Un cerveau très prometteur (Ed. Le Pommier). Le vrai défi, c’est de les entretenir sur la durée. Le meilleur moyen consiste à intégrer petit à petit de nouvelles informations, sous des formes variées, et à les répéter à intervalles réguliers.

Astuce N° 6

Astuce N° 6

L’organe cérébral est vorace en énergie : il monopolise 15% du débit cardiaque, consomme 20% de l’oxygène inhalé et 20% des calories absorbées par l’organisme. Même quand nous ne faisons rien, le cerveau consomme de 65 à 80% du flux sanguin nécessaire à une activité intellectuelle soutenue.

Les neurones ont besoin d’oxygène et de glucose pour fonctionner. Il est recommandé de les nourrir en acides gras et en glucides complexes, de boire beaucoup, mais aussi de pratiquer trois fois par semaine un exercice physique d’intensité moyenne (vélo, jogging, marche…), à raison de trente minutes par séance.

 

Astuce N° 7

Astuce N° 7

Savez-vous pourquoi une intervention lors d’une conférence TEDx dure douze minutes ? Parce que c’est la durée moyenne de l’attention humaine. En raison de la consommation d’énergie requise par le cerveau, en particulier lorsqu’il se concentre sur une tâche ardue, les fonctions cognitives ont tendance à faiblir à partir de dix à quinze minutes.

Passé ce délai, pour relancer l’attention d’un auditeur il faut déclencher son émotion avec quelque chose de frappant : un mot d’esprit, par exemple. “En s’épuisant, le cerveau produit des métabolites, tel l’acide lactique, qui nuisent à son bon fonctionnement. On parle alors d’une «crampe de neurones»”, raconte Francis Brunelle.

D’où l’importance de faire des pauses régulières et d’avoir des nuits (et des siestes) réparatrices. “Qui dit manque de sommeil dit pensée défectueuse, renchérit le neurobiologiste américain John Medina dans Les 12 Lois du cerveau (Leduc. S Editions). Un déficit de sommeil nocturne observé chez des soldats manipulant du matériel complexe se traduit par une perte de 30% de leurs capacités cognitives, et de 60% le jour d’après si la deuxième nuit a été aussi courte.”

Astuce N° 8

Astuce N° 8

Notre cerveau est doté de deux fonctions neurologiques : le mode automatique et le mode adaptatif. Le premier, logé dans le cerveau limbique, gère les tâches répétitives, comme la conduite ou la marche. Le second, piloté par le cortex préfrontal, sert à prendre des décisions. “Cette zone cérébrale, le siège de la raison et de l’analyse, est primordiale pour prendre du recul et résoudre les problèmes”, explique Ricardo Croati, expert en neuromanagement. Gérer un imprévu, un conflit, une urgence…

Pour débrancher le pilotage automatique et passer le relais au cortex préfrontal, “il suffit, poursuit l’expert, de s’autoriser quelques secondes de réflexion au lieu de céder à une impulsion. Cette minipause permet souvent de basculer vers le mode adaptatif et nous donne une chance de trouver la solution appropriée”. Il fallait y penser !

 

Astuce N° 9

Astuce N° 9

“Tu ne sers à rien”, “Ton entretien annuel va être salé”… Les remarques dénigrantes ou menaçantes sont des “calamités neurobiologiques”, selon Erwan Devèze. “Ces propos typiques du management autoritaire activent le circuit de la menace, situé dans l’amygdale”, décrypte-t-il.

Conséquence : le taux de cortisol, l’hormone du stress, monte en flèche et inhibe les sécrétions de dopamine et de sérotonine, essentielles au bien-être. “Le cerveau fonctionne selon une architecture en réseau : tout est connecté, continue le spécialiste. En l’occurrence, activer le circuit de la menace bloque celui de la récompense, le moteur cérébral de l’engagement. C’est soit l’un, soit l’autre, mais pas les deux à la fois. Bannir les attitudes tyranniques est donc un prérequis pour motiver ses équipiers… ou simplement pour les mettre au boulot !

Astuce N° 10

Astuce N° 10

L’une des façons de stimuler la dopamine consiste à jouer. Par exemple, vous pouvez traduire une performance en score, proposer des récompenses lorsqu’un objectif est atteint… Cela a pour effet d’introduire une dimension ludique dans les tâches répétitives du quotidien et de décupler les performances de votre équipe. Pour quelle raison ?

“Parce que la dopamine générée par le circuit de la récompense a la particularité de «préchauffer» l’hippocampe, le siège de la mémoire, ce qui augmente la capacité d’apprentissage”, précise Erwan Devèze.

Pour favoriser la production du précieux neurotransmetteur et augmenter l’efficacité de vos collaborateurs, il suffit de briser la routine. Un rendez-vous hors du bureau, un séminaire à la campagne, un challenge…, et le besoin en dopamine de vos troupes sera comblé.

Astuce N° 11

Astuce N° 11

Conclure une série de compliments par un reproche est contre-productif. Erwan Devèze explique : “Notre cerveau accorde plus d’importance aux propos négatifs qu’aux remarques positives. Et ce en raison du biais de négativité, un réflexe archaïque hérité de nos ancêtres des cavernes qui donne la priorité au circuit de la menace afin de réagir vite en cas de péril.”

Aujourd’hui, plus besoin de fuir les tigres à dents de sabre, mais le cerveau continue à identifier une remarque désobligeante comme un danger potentiel. Un collaborateur aura donc tendance à ne retenir que la critique, même si son chef d’équipe a loué ses qualités et ses réalisations quelques instants auparavant. Vous souhaitez vraiment gratifier vos équipiers ? Félicitez-les franchement.

Astuce N° 12

Astuce N° 12

Bomber le torse pour incarner la gagne serait efficace… sur le plan neurologique. C’est ce qu’a révélé une étude codirigée par Amy Cuddy, chercheuse en psychologie et enseignante à la Harvard Business School. “S’auto-conditionner à la victoire en adoptant une posture de conquérant ferait baisser jusqu’à 25% le taux de cortisol, l’hormone du stress”, confirme Gaëtan Dallemagne, psychologue du travail, directeur adjoint à l’Institut d’accompagnement psychologique et de ressources. Tapez-vous les pectoraux devant la glace, poussez des cris de guerre ou attaquez la journée par un bon haka : rien de tel pour se détendre et muscler votre neuroleadership.

 

Astuce N° 13

Astuce N° 13

Un bon manager doit savoir lui aussi relâcher la pression et prendre des pauses, bénéfique pour lui-même mais aussi pour les autres. “Pendant un moment de détente, privilégier l’errance mentale en regardant par la fenêtre au lieu de contrôler ses notifications sur son portable augmente en moyenne de 8 à 10% les performances cognitives”, constate Cyril Couffe, chercheur à Grenoble Ecole de management.

Ces pauses activeraient en effet le “réseau par défaut” du cerveau, un état de veille capable d’absorber la charge mentale au travail qui ralentit notre capacité de traitement. Un collaborateur qui baye aux corneilles ne met pas en péril votre entreprise : il “vide le cache” de son navigateur intérieur pour mieux repartir.